Sa`d ibn Abi Waqqas (arabe : سعد بن أبي وقاص) (v. 595 - v. 674) est l'un des plus illustres compagnons du prophète de l'islam Mahomet. Il est né parmi les Banu Zuhrah1, un clan Quraych et fut l'un des cousins de Amina bint Wahb, la mère de du Prophète Muhammad (SAWS)
Son père était Ohayb ibn Manaf, l'oncle paternel d'Amina.
Il fut parmi les premiers en 610 à se convertir à l'islam alors qu'il n'était âgé que de 17 ans2 et c'est Abu Bakr qui en fut la cause. Il fait partie des dix musulmans à qui le Prophète Muhammad (SAWS) promit le Paradis (Jannah).
Parmi les titres honorifiques que l'on lui attribuait, il n'en aimait que deux :
le fait qu'il fut le premier à tirer une flèche pour la cause de Dieu et aussi parce que le Prophète Muhammad (SAWS) lui a dit : « Tire Sa`d ! Que soient sacrifiés pour toi mon père et ma mère».
On dit que ses deux armes les plus efficaces étaient ses tirs et ses invocations. Ses tirs manquaient rarement ses cibles et ses compagnons l'expliquent par une prière que le Prophète Muhammad (SAWS) a fait en sa faveur :
«Ô Dieu ! Oriente son tir et exauce son invocation »
Il mena la bataille d'al-Qadisiyya contre l'empire sassanide en Irak sous le califat de `Omar ibn al-Khattab et mourut vers 674 à Al-Aqiq durant le califat de Mu`awiya lorsqu'il était âgé d'un peu plus de 80 ans. Il était encore riche à ce moment-là.
Les livres d'histoire et de biographie nous disent qu'il a embrassé l'Islam par l'intermédiaire d'Abou Bakr. Peut-être qu'il a déclaré sa conversion le jour où Othman ben Affan, az-Zoubayr ben al-Awam, Abdarrahman ben Aouf et Talha ben Obaydallah ont fait la même déclaration. Cependant, cela n'empêche pas qu'il s'est converti clandestinement avant cette date. Saâd ben Abou Waqas a certes de nombreux titres de gloire, mais il n'aime en citer que deux. Il est le premier tireur de flèches pour la cause de Dieu et le seul musulman à qui le Prophète a dit
«Tire, Saâd. Que soient sacrifiés pour toi mon père et ma mère!»
Ali ben Abou Talib témoigne : « Je n'ai jamais entendu le Messager dire cela à quelqu'un, sauf à Saâd. Je l'ai entendu dire, lors de la bataille d'Ouhoud :
« Tire, Saâd. Que soient sacrifiés pour toi mon père et ma mère! »
En outre, Saâd possède deux armes efficaces : Son tir précis et son invocation. Sa flèche ne rate jamais un ennemi dans les batailles et son invocation est toujours exaucée par Dieu. Ses compagnons expliquent cela par l'invocation du Messager en sa faveur :
« Ô Dieu! oriente bien son tir et exauce son invocation. »
A propos de l'invocation exaucée, voici le témoignange de Amir ben Saâd : Saâd a vu un homme en train d'insulter Ali, Talha et az-Zoubayr. Il lui a dit d'arrêter mais l'homme a continué dans ses insultes. Saâd lui a alors dit
« Dans ce cas, je vais invoquer (Dieu) contre toi! » L'autre dit : « Je vois que tu me menaces, comme si tu étais un prophète! »
Saâd se retire, fait des ablutions, puis fait une prière de deux rakâa. Après quoi, il lève les deux mains au ciel et dit :
« Ô Dieu! si tu sais que cet homme a insulté des gens qui ont eu de toi la splendeur et que ses insultes contre eux te mécontentent, alors fais de lui une leçon. »
Quelques temps après, une chamelle réussit à s'enfuir de son enclos, dans une course folle, sans que personne ne puisse la rattraper. Elle pénètre dans la foule, comme si elle cherche quelque chose. Puis elle trouve l'homme. Elle le met entre ses pattes et se met à l'étouffer de son poids jusqu'à le tuer.
Par ailleurs, Saâd réussit à devenir riche, sans être avare. De sa fortune licite, il sait très bien donner en vue de Dieu, dépenser pour la cause de Dieu. Lors du Pèlerinage d'adieu, il tombe malade. Recevant la visite du Prophète , il lui dit : « Ô Messager de Dieu, j'ai une fortune et je n'ai pour héritier qu'une fille. Est-ce que je donne en aumônes les deux tiers de ma fortune ?
- Non, dit le Prophète.
- Alors, la moitié ?
- Non. - Donc, le tiers ?
- Oui, dit le Prophète, et le tiers c'est beaucoup. Si tu laisses tes héritiers riches, cela vaut mieux que de les laisser dépendants des gens... »
Après cela, Saâd aura des fils.
Saâd est aussi un croyant qui se distingue par la crainte de Dieu. Quand il écoute le Prophète prêcher, il ne peut maîtriser ses larmes. Il est également un homme aux actions pieuses. Un jour, le Prophète dit à ses compagnons, tous assis : « Maintenant va venir un homme faisant partie des habitants du Jardin. » Les compagnons détournent la tête dans toutes les directions, à la recherche de l'heureux élu, et voilà Saâd ben Abou Waqas qui arrive. Après cela, Abdallah ben Amr ben al-As lui demande avec insistance de lui dire ce qu'il faut faire pour se rapprocher de Dieu, pour triompher de cette inestimable récompense. Saâd lui dit : « Pas plus des actions (pieuses) que nous accomplissons tous. Sauf que je ne porte pas de rancune ou de mal contre aucun des musulmans. »
Voilà donc le compagnon que l'Emir des croyants a choisi pour diriger les troupes musulmanes dans la bataille d'al-Qadisiya.
De plus, Saâd est connu pour avoir une foi inébranlable. Quand il embrasse la nouvelle religion, sa mère polythéiste essaie plusieurs fois de l'en détourner. Comme Saâd ne se plie pas à son exigence, elle entame une grève totale de la faim. Elle se prive de manger et de boire durant plusieurs jours mais Saâd reste inébranlable. Le temps passant, la mère s'affaiblit dangereusement. Alors, Saâd va lui rendre visite, sur demande d'un proche et lui dit d'une voix résolue :
« Ô mère, par Dieu! Même si tu as cent âmes et qu'elles sortent l'une après l'autre, je n'abandonnerai jamais ma religion. Alors, mange si tu veux, ou ne mange pas. »
Après ces mots, sa mère suspend sa grève de la faim.
Dieu fit descendre ensuite ce verset :
Mais s'ils faisaient sur toi pression pour que tu M'associes ce sur quoi tu n'as pas de science, ne leur obéis pas. (Coran 29.
A al-Qadisiya, Saâd Ibn Abou Waqas dirige son armée de 30.000 combattants contre les 100.000 soldats de l'armée perse. Mais, avant la bataille décisive, il envoie quelques-uns de ses compagnons à Rostom le commandant des Perses, avec la mission précise de l'appeler à embrasser l'Islam. Les émissaires reviennent plus tard, pour lui donner le compte-rendu de leur mission : C'est la guerre.
Il aurait aimé que la bataille ait été fixée pour un autre jour, parce que ce jour-là il était malade. Mais, que peut-il faire contre le cours irrésistible des évènements ? Il se lève résolument, malgré les furoncles qui lui font très mal, adresse aux combattants un discours avec pour début ...
le verset "Oui, Nous avons écrit dans les Psaumes, après le Rappel, que la terre serait l'héritage de Mes adorateurs justes". (Coran 21.105)
Après quoi, il dirige la prière du duhr avant de lancer par 4 fois le takbir devant toute l'armée. Puis, il dit à voix haute, en montrant l'objectif : « Allez-y avec la bénédiction de Dieu! » Puis, il se dirige en dépit des douleurs à la tente qui lui servira de poste de commandement, sur une hauteur.
Là, il s'allonge la poitrine sur un oreiller. Désormais, il n'accorde aucune attention à son mal, il est absorbé par le déroulement des opérations. Il est occupé à donner les ordres aux détachements de combattants. « Vous! avancez sur le flanc droit!... et vous! colmatez les brèches du flanc gauche!... Devant toi, Moughira!... poursuis-les, Jarir! engage l'attaque, Achâth!. .. et toi, Qaâqaâ , avance avec tes compagnons!. » La suite est connue. Les Perses battent en retraite. Les combattants les poursuivent jusqu'à Nahaouand puis à al-Madayin, où ils s'emparent du trône de Cosroès.
Dès que Saâd est nommé gouverneur de l'émirat d'Irak, il s'attelle à bâtir le pays et à diffuser l'Islam. Par la suite, les habitants d'Al-Koufa se plaignent de lui auprès du khalife Omar. Ils ont dit que Saâd ne savait pas bien diriger la prière. Saâd dira : « Par Dieu! je ne leur fais que la prière du Messager de Dieu. Je fais durer les deux premières rakâs et j'écourte les deux dernières. » Omar le convoque à Médine. Il répond à la convocation. Mais quand Omar décide de le renvoyer à al-Koufa, il dit : « M'ordonnes-tu de retourner à un peuple qui prétendent que je ne sais pas bien diriger la prière ? » Puis il préfère rester à Médine.
Lorsque Omar est blessé à mort, il choisit six compagnons du Prophète, dont Saâd, pour élire d'entre eux le khalife des musulmans. Il les a choisis en arguant que le Prophète était satisfait d'eux. Plus tard, quand l'époque des grands troubles éclate, Saâd se retira de la vie publique. Il va jusqu'à ordonner à sa femme et ses enfants de ne rien lui rapporter sur les évènements qui secouent la communauté. Un jour, les musulmans font appel à lui. Son neveu Hachim ben Outba ben Abou Waqas va le trouver et lui dit : « Ô oncle, il y a là 100.000 musulmans armés qui pensent que, par rapport aux autres, tu as plus de droit au khalifat. » Saâd refuse et lui signifie qu'il préfère voir ces hommes unis contre les mécréants.
Quand Mouâwiya s'empare des rènes du pouvoir, il dit à Saâd : « Pourquoi ne combats-tu pas avec nous ? » Saâd dit : « Je suis passé par un vent très ténébreux. Alors, j'ai dit : « Akh! akh!"? »
et j'ai arrêté ma monture jusqu'à la dissipation de ce vent. » Mouâwiya dit :
« Dans le Livre de Dieu, il n'y a pas de Akh! akh! Au contraire, Dieu dit:
Si deux partis d'entre les croyants se combattent, eh bien! Réconciliez-les, Si l'un d'entre eux avait commis un passe-droit au détriment de l'autre, combattez le coupable jusqu'à ce qu'il fasse retour au commandement de Dieu (Coran 49.9).
Toi, tu n'étais pas avec le parti injuste contre le parti juste, ni avec le parti juste contre le parti injuste.»
Saâd réplique : « Je ne suis pas celui qui combattrait un homme auquel le Messager de Dieu a dit : « Tu occupes vis-à-vis de moi le rang que Haroun occupait vis-à-vis de Mousa, sauf quil n'y a pas de prophète après mois. »
Et en un certain jour de l'an 54, Saâd s'éteint à al-Aqiq après avoir vécu plus de 80 ans.
Son fils raconte :
«Mon père avait la tête dans mon giron, au moment de rendre l'âme. Me voyant pleurer, il m'a dit :
«Fils, qu'est-ce qui te fait pleurer ?
Dieu ne châtiera jamais... Je suis d'entre les habitants du Jardin. »
Sa foi a été inébranlable devant le secouement de la mort. Le Prophète lui avait annoncé la bonne nouvelle du Jardin. Puis, il a demandé de lui apporter de son armoire un vieux vêtement. Ayant eu ce vêtement entre les mains, il a dit à sa famille de l'y ensevelir, avant de donner la raison : « Je le portais lors de la bataille de Badr contre les polythéistes, et je l'ai gardé pour ce jour. »
Ainsi a vécu Saâd et ainsi il est mort.